Histoire des Marquises

La population marquisienne descend essentiellement de Polynésiens venus s'installer dans l'archipel dès 150 av. J.-C. à 100 ap. J.-C. La rencontre des explorateurs avec les Marquisiens eut pour effet de les exposer à des maladies contre lesquelles ils n'avaient aucune immunité. Cela entraîna une forte chute de la population. On estime qu’au XVe siècle la population s’élevait à 100.000 habitants. Au début du XXI siècle, il ne restait plus que de 2.000 Marquisiens. Crédit photo : Taka Iki

Présentation

Les Marquisiens sont les habitants des îles Marquises, un archipel situé dans l'océan Pacifique Sud, à environ 1.500 kilomètres au nord-est de Tahiti. Les Marquisiens sont considérés comme les descendants des premiers Polynésiens qui ont colonisé l'archipel il y a environ 2000 ans. Les Marquisiens ont développé une culture unique, notamment en matière d'art et de tatouage. Leurs traditions culturelles ont été largement influencées par leur isolement géographique et leur contact limité avec d'autres cultures. Aujourd'hui, les Marquisiens continuent de perpétuer leur patrimoine culturel tout en s'adaptant aux influences extérieures. Ils sont considérés comme des Polynésiens, c'est-à-dire qu'ils ont des origines communes avec les peuples des autres îles du Pacifique Sud, tels que les Hawaïens, les Maoris de Nouvelle-Zélande et les Tahitiens. Les chercheurs pensent que les ancêtres des Polynésiens ont commencé à migrer vers le Pacifique Sud depuis l'Asie du Sud-Est il y a environ 3.000 ans, utilisant des bateaux à double coque et les étoiles pour naviguer sur de longues distances. Au cours des siècles suivants, les Polynésiens ont colonisé de nombreuses îles du Pacifique Sud, y compris les îles Marquises. Les Marquisiens ont développé leur propre culture et leur propre langue distinctes des autres peuples polynésiens, tout en conservant des liens culturels et linguistiques avec leurs cousins ​​de l'extérieur de l'archipel.

La légende de la création des îles Marquises

Il était une fois, dans un temps lointain, lorsque le soleil brillait sur les vastes étendues de la mer, il n’y avait pas d’îles. Oatea et sa femme Atanua vivaient sans maison, ce qui agaçait Atanua. Oatea, ne sachant pas comment construire une maison, chercha conseil dans ses pouvoirs divins pour trouver une solution. Ainsi, dans la soirée, il annonça à Atanua qu’il allait construire leur maison cette nuit même. Alors, il invoqua ses pouvoirs divins en disant : “Racines longues, racines courtes, racines énormes, racines minuscules, dressez la maison !”. Il choisit un endroit pour la maison et érigea deux piliers en disant “C’est Ua Pou !”. Il posa ensuite la poutre faitière sur les deux piliers et déclara “C’est Hiva Oa !”.
Il continua à installer les différents éléments de la maison, en fixant les potelets de façade, la traverse de l’auvent, les poteaux de soutien et la poutre inférieure. Il installa également les chevrons à l’avant, à partir de la poutre faitière jusqu’à la longue traverse, puis à l’arrière jusqu’à la dalle de pierres. Il couvrit finalement la maison avec des palmes de cocotiers selon la technique des 9 parts, en disant “C’est Fatu Hiva !”. Alors qu’il creusait un trou pour parfaire son travail, l’aube approchait et Atanua s’exclama : “L’image lumineuse scintille !” à quoi Oatea répondit “C’est Tahuata !” et “Le chant de l’oiseau du matin se fait entendre !” À quoi Oatea répondit “C’est Mohotani !”. Malgré l’arrivée du jour, Oatea ne s’arrêta pas et acheva le trou, déclarant “Je ramasserai les débris et les mettrai dans le trou” et “C’est Ua Huka !”. Enfin, le soleil commença à émerger de l’horizon, illuminant la terre et Atanua s’exclama : “Voici ! Voici ! Voici que s’illumine la Terre des Hommes !”. Oatea répondit : “C’est Eiao !” et leur maison fut visible au milieu de l’océan, la Terre des Hommes.

Crédit photo : AV / DGEE

La découverte des îles Marquises par le 1er navigateur

Les îles Marquises ont été découvertes pour la première fois par le navigateur espagnol Álvaro de Mendaña en 1595. Mendaña avait été chargé par le roi Philippe II d’Espagne de découvrir de nouvelles terres dans le Pacifique Sud, afin d’y établir des colonies et d’y étendre l’influence espagnole.

Le 21 juillet 1595, Mendaña aperçut pour la première fois les îles Marquises depuis son navire, la San Jerónimo. Il nomma l’archipel “Las Marquesas de Mendoza” en l’honneur de sa femme, la marquise de Mendoza. Mendaña et son équipage débarquèrent sur l’île de Fatu Hiva, où ils furent accueillis par les habitants locaux. Cependant, les relations entre les Espagnols et les Marquisiens ne furent pas toujours pacifiques. Des affrontements violents éclatèrent parfois entre les deux groupes, notamment lorsque les Espagnols essayèrent de forcer les Marquisiens à se convertir au christianisme.
Mendaña mourut peu de temps après l’arrivée de son expédition aux Marquises, à la suite d’une maladie contractée sur l’île de Santa Cruz dans les îles Salomon. Son épouse, Isabel Barreto, prit alors le commandement de l’expédition et navigua jusqu’aux Philippines, où elle établit une colonie espagnole. La découverte des îles Marquises par Mendaña est un événement important dans l’histoire de l’exploration du Pacifique Sud. Elle marque le début de l’exploration européenne de l’archipel et de la Polynésie en général, qui allait avoir des conséquences importantes pour les peuples de la région.

Quels sont les autres navigateurs ou scientifiques qui ont marqué l’histoire des Marquises ?

James Cook : Le célèbre navigateur britannique James Cook a visité les îles Marquises lors de son troisième voyage dans le Pacifique en 1774. Il a cartographié les îles et a noté leur emplacement et leur géographie, ainsi que les coutumes et les traditions des habitants.

Paul Gauguin : L’artiste français Paul Gauguin a vécu dans les Marquises pendant les dernières années de sa vie, de 1901 jusqu’à sa mort en 1903. Il a créé de nombreuses peintures inspirées par la beauté de l’île et les traditions et le mode de vie des habitants.

Thor Heyerdahl : Le célèbre explorateur norvégien Thor Heyerdahl a mené plusieurs expéditions dans le Pacifique Sud, y compris une expédition en 1957 pour explorer les îles Marquises et étudier leur culture et leur histoire.

Robert Louis Stevenson : L’écrivain écossais Robert Louis Stevenson a visité les Marquises en 1888 et a écrit sur son expérience dans son livre “Dans les mers du Sud”. Il a également rendu hommage à la culture marquisienne et aux traditions locales.

Jacques-Antoine Moerenhout : Cet explorateur français a visité les Marquises en 1825 et a écrit un livre intitulé “Voyage aux îles du Grand Océan” dans lequel il décrit les îles et les habitudes des habitants. Son livre est considéré comme l’un des premiers documents écrits sur les Marquises.

Alvaro de Mendana : L’explorateur espagnol Alvaro de Mendana a découvert les îles Marquises en 1595. Il a nommé l’île principale “Las Marquesas de Mendoza” en l’honneur de sa patronne, la marquise de Mendoza.

William Bligh : Le capitaine de navire britannique William Bligh, connu pour son rôle dans la célèbre mutinerie sur le Bounty en 1789, a visité les Marquises lors de son voyage de retour en Angleterre après avoir été forcé de quitter le navire à Tahiti. Il a noté les habitudes des habitants des Marquises dans son journal de bord.

Joshua Slocum : Le navigateur canadien Joshua Slocum a visité les Marquises en 1909 lors de son tour du monde en solitaire à bord de son bateau “Spray”. Il a noté ses observations sur la vie et la culture marquisiennes dans son livre “Voyage of the Liberdade”.

William Ellis : Le missionnaire britannique William Ellis a visité les îles Marquises dans les années 1820. Il a écrit un livre intitulé “Polynesian Researches” dans lequel il décrit les coutumes et les traditions des habitants des Marquises.

Yosihiko Sinoto : Ce célèbre archéologue japonais a mené des fouilles dans les Marquises dans les années 1950 et 1960. Ses travaux ont mis en évidence l’importance des échanges culturels entre les différentes îles de la Polynésie et ont révélé des preuves d’une colonisation ancienne des Marquises par des populations polynésiennes.

Pourquoi avons-nous failli disparaître ?

Les maladies importées par les Européens, telles que la grippe, la variole et la tuberculose, ont décimé une grande partie de la population.

La colonisation européenne a conduit à une acculturation forcée, ce qui a entraîné une perte importante de la culture et du mode de vie traditionnel.

Les missionnaires ont interdit les pratiques culturelles traditionnelles et ont encouragé l’adoption des coutumes et des croyances européennes.
Les Marquisiens ont été forcés de travailler dans des plantations et des mines pour les colons européens, ce qui a entraîné une exploitation et une dégradation de leur santé physique et mentale.

Les guerres tribales ont causé de nombreux morts et ont également contribué à la propagation de maladies.

Certaines pratiques culturelles traditionnelles, telles que les tatouages et les rituels funéraires, étaient associées à la transmission de maladies infectieuses telles que la tuberculose.

La surpopulation a rendu difficile la subsistance d’une population aussi importante, ce qui a entraîné des famines et des maladies.

La dégradation de l’environnement a eu un impact négatif sur la subsistance des habitants.

Pourquoi notre culture est-elle aussi vivante ?

La culture des Marquisiens est toujours vivante pour plusieurs raisons :

L’attachement de la population marquisienne à leur culture et leur patrimoine, qui a permis de préserver les traditions malgré les pressions extérieures.

Le renouveau culturel initié dans les années 1970, qui a permis de redécouvrir et de valoriser les arts et les pratiques traditionnelles.

Le rôle des associations culturelles et des institutions locales, qui ont contribué à la préservation et à la transmission des traditions marquisiennes.

Le développement du tourisme culturel dans la région, qui a encouragé la transmission des savoir-faire traditionnels et contribué à la valorisation de la culture marquisienne.

La création d’écoles bilingues et de programmes éducatifs spécifiques, qui permettent aux jeunes générations de s’approprier leur culture et de la transmettre à leur tour.

Les efforts des autorités polynésiennes et françaises pour encourager la protection et la préservation des sites archéologiques et des artefacts marquisiens, contribuent à la sauvegarde de l’héritage culturel de la région.

Les échanges culturels avec d’autres peuples de la région Pacifique, qui ont permis de renforcer l’identité marquisienne et de préserver les traditions communes à ces cultures insulaires.

L’ouverture de musées et de centres culturels dédiés à la culture marquisienne, qui permettent de partager les connaissances sur cette culture avec les visiteurs et de renforcer la fierté et l’identité des Marquisiens eux-mêmes.

La transmission orale de l’histoire et des traditions marquisiennes, qui a permis de préserver la mémoire de cette culture et de la transmettre de génération en génération.

La diversité et la richesse des pratiques culturelles marquisiennes, qui couvrent de nombreux domaines tels que la musique, la danse, la sculpture, la navigation, l’agriculture, la pêche, l’artisanat, les tatouages, etc.

L’importance de la religion et de la spiritualité dans la culture marquisienne, qui a permis de maintenir les croyances et les pratiques ancestrales malgré l’influence du christianisme.

La persévérance et la résilience du peuple marquisien face aux diverses épreuves qu’il a traversées, notamment les épidémies, les colonisations, les guerres, les changements politiques et économiques, etc.

L’importance accordée à la famille et à la communauté dans la culture marquisienne, qui a contribué à renforcer les liens sociaux et à perpétuer les traditions.

La poésie et la littérature marquisiennes, qui ont permis de transmettre les connaissances, les valeurs et les émotions de cette culture à travers les siècles.

Le renouveau culturel marquisien, qui a pris de l’ampleur dans les années 1970-1980 avec la création de groupes de danse et de musique traditionnelle, la revitalisation des pratiques culturelles et la promotion de l’identité marquisienne.

La reconnaissance et la valorisation de la culture marquisienne au niveau national et international, notamment à travers l’inscription de certains sites et pratiques culturelles sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les initiatives de développement local qui intègrent la culture et les traditions marquisiennes dans les projets économiques et touristiques, tout en préservant l’environnement et en favorisant la participation des communautés locales.

La contribution de la diaspora marquisienne, qui maintient le lien avec la culture et les traditions de leur pays d’origine, tout en s’adaptant aux contextes et aux cultures des pays où ils résident.

Enfin, la volonté des Marquisiens eux-mêmes de préserver, valoriser et transmettre leur patrimoine culturel, qui est au cœur de leur identité et de leur fierté.

Crédit photo: Tropicalement

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